Aillevillers (Haute Saône)
13 mars 1915, Samedi à 11h le matin
Je suis en bonne santé. Nous débarquons à 4h du soir. Votre fils Eloi M. 24e 41 batterie groupe de 95
Bruyères (Vosges) le 21 mars 1915
Mes chers parents,
je suis en bonne santé et désire que ma carte vous en trouve de même.
Nous partons pour le front aujourd’hui dimanche. Toujours la même adresse. Votre fils qui vous embrasse bien fort.
Eloi Mussotte, secteur postal 39
Anould (Vosges) le 24 mars 1915
Mes chers parents,
je vous envoie une carte du pays où je suis et pour vous faire savoir de mes nouvelles qui sont bonnes. Il y a 3 ou 4 jours que nous sommes dans ce pays et je couche avec Duporge dans un lit c’est lui qui l’a trouvé et il m’a dit d’aller coucher avec lui. Je ne sais pas si on va rester longtemps où nous sommes, nous n’avons qu’une petite étape à faire pour arriver sur le front.
Je ne sais quand cette guerre finira, je crois qu’elle va durer 100 ans. Rien de plus pour le moment qu’à vous désirer bonne santé à tous. Votre fils qui vous embrasse bien fort de loin. Eloi Mussotte.
Je croyais de venir au 12 mais je vois que je me suis trompé, si je viens au 29 août ce sera bien joli.
Le Valtin le 20 avril 1915
Mes chers parents,
je fais réponse à votre lettre du 16 qui fait toujours plaisir de vous savoir en bonne santé. Quant à moi je suis toujours le même, aussi c’est aujourd’hui la foire au Barp mais je n’ai pas pu venir … je pense venir à la prochaine. Il fait beau temps, la neige fond, là où il y avait 2 mètres il n’y en a qu’un mètre mais au Valtin on pourrait marcher avec des sandales.
Votre fils et frère qui vous embrasse bien fort.
Eloi Mussotte 24e 41 batterie groupe de 95 secteur postal 97.
Donnez-moi l’adresse de Fernand.
Le 2 mai 1915
Je vous écris une carte pour vous faire savoir de mes nouvelles qui sont toujours bonnes. Je vous envoie une carte de Nancy que Elie Bourrieux m’a donné hier le 1er mai, il est venu me voir au Valtin il se trouvait de passage à Fraize. Et je vous assure qu’il m’a surpris quand je l’ai vu. Quand il est arrivé on était entrain de manger la soupe et nous l’avons fait dîner avec nous. Mais il n’a pas vu Lacape parce qu’il était en haut avec les canons.
Il fait un beau temps mais c’est toujours la même chose. Votre fils qui vous embrasse bien fort. Eloi Mussotte.
Cette église a été bombardée. Dites-moi si les lettres arrivent plus vite avec cette adresse. Il y a 3 jours que je n’ai pas reçu de nouvelles de …
La Rochelle, le 19 mai 1915
Cher camarade,
C’est toujours du dépôt que je t’envoie de mes nouvelles qui sont très bonnes. Je pense que toi aussi tu dois être en bonne santé. En fait que de copains, il n’y en a plus beaucoup, ils sont à peu près tous repartis. Depuis quelques jours je fais parti d’une batterie du 75 qui va partir prochainement. Puisque tu vois Martin tu lui diras qu’il nous envoie de ses nouvelles.
Cordiale poignée de main de ton copain. L. Mase 24 art 63 batt
Le Valtin le 29 juin 1915
Mes chers parents,
je vous envoie une vue de là où je suis. Je vous écris ces 2 mots en faisant pacager les chevaux.
Il y a 4 jours que nous n’avons pas été ravitaillés, mais je pense que ça va être avant longtemps. Je vais vous dire que Lacape va monter en haut demain matin. Vous devez avoir reçu une carte de mon camarade Descoubes et de Duporge. Ils vous ont envoyé cette carte parce que j’étais couché avant eux. Quant aux cartes nouvelles, elles sont toujours les mêmes. Je suis toujours en bonne santé et vous en désirer de même à tous.
Votre fils qui vous embrasse de loin. Eloi Mussotte
A toute la maisonnée
Je vous envoie une vue c’est la route que parcourt Eloi assez souvent.
En ce moment il est en train de chauffer ma place sur le bon sommier qui nous berce depuis quelques nuits ; nous ne savons si ça doit durer.
En attendant de faire votre connaissance recevez chers amis notre amitié sincère.
Descoubes. Duporge
Le 2 juillet 1915
(Col de la Schlucht)
Mes chers parents,
je fais réponse à votre lettre du 23 qui m’a fait plaisir de vous savoir en bonne santé. Quant à moi, je suis toujours le même. Je vous envoie une vue où nous passons pour ravitailler et c’est là que nous sommes bombardés quand nous passons. C’est un hôtel boche et il y en a un autre c’est un français, entre les deux c’est la frontière. Mais maintenant ils ne sont plus si jolis, tout est démoli par les obus.
Vous me dîtes que René du Croc est mort, c’est bien malheureux. Vous me direz si Robert Taris écrit ou quoi parce que Duporge lui avait écrit et la lettre est revenue, et la lettre disait blessé et évacué.
Votre fils qui vous embrasse bien fort. Eloi Mussotte
Le 10 juillet 1915
Je fais réponse à votre carte du 6 que j’ai reçu aujourd’hui au Valtin. Je suis toujours en bonne santé et vous en désirer de même à tous. Je vous envoie une vue que je pense d’y aller avant longtemps si ça marche bien, maintenant nous le voyons mais de loin. Je suis content de savoir des nouvelles de Robert, ne vous étonnez pas si vous ne recevez pas de mes nouvelles, je peux rester 4 ou 5 jours sans pouvoir écrire quand nous avons besoin de ravitailler. Si je reste une semaine dehors ce n’est pas bien facile de les expédier.
Votre fils qui vous embrasse bien fort. Eloi Mussotte
Le Valtin le 11 juillet 1915
Mes chers parents, je vous envoie un vue et en même temps une chanson faite par mon camarade Descoubes.
Je suis en bonne santé et désirer que ma carte vous en trouve de même.
Votre fils qui vous embrasse bien fort à tous. Eloi Mussotte.
C’est une vue que nous avons passé.
Le 12 juillet 1915
Mes chers parents,
je fais réponse à votre lettre du 8 qui m’a fait un grand plaisir de vous savoir en bonne santé, quant à moi je suis toujours le même. Je pense monter en haut aujourd’hui pour aller ravitailler. Quand je descendrai je vous écrirai. Je pense que nous voulons faire la fête du 14 juillet en lançant des obus sur les boches, ou c’est les boches qui vont nous le fêter. Je vais vous dire que Duporge a été fier à Gérardmer, il a vu 899 prisonniers boches qu’ils ont fait du côté de Saint Dié. Rien de plus pour le moment qu’à vous désirer bonne santé à tous. Votre fils qui vous embrasse bien fort. Nous avons changé de secteur c’est 168. Eloi Mussotte
Le 19 juillet 1915
Mes chers parents,
je fais réponse à votre lettre qui m’a fait un grand plaisir de vous savoir en bonne santé, quant à moi je suis toujours le même. Je réponds à la lettre du 15, vous me dîtes que les hommes du front viennent en permission mais pour venir il faut 6 mois de front et il n’y a que 4 mois. Vous me demandez si Duporge marche avec moi au ravitaillement, non il reste au Valtin mais Descoubes est monté en haut il y a quelques jours. Et nous autres il y a quelques jours que nous n’avons pas marché, nous avons porté 1000 obus par batterie. Rien de plus pour le moment qu’à vous désirer bonne santé à tous. Votre fils qui vous embrasse bien fort. Eloi Mussotte
J’ai reçu les 5 francs, quant à nous autres, ne nous attendez pas en permission.
Le 23 juillet 1915
Mes chers parents,
je vous écris deux mots pour vous faire savoir de mes nouvelles qui pour le moment sont bonnes …
Je n’ai pas reçu de lettres depuis que j’ai changé de secteur, il faut mettre 97. Je vais vous dire qu’hier soir nous avons été ravitaillés et, en nous en revenant nous avons été bombardés, ça m’a rappelé la journée du 28 août à ?Greisch ?
Je vous assure que toute la peur n’était pas au Barp mais il n’y a pas eu de blessés de notre convoi mais à ma batterie il y a eu 4 blessés. Lacape m’a écrit et il me dit qu’il a trouvé Aurel S… de Chardimon, il est sergent mitrailleur au 12e Alpins, il est en bonne santé. Lacape et Duporge et Descoubes tous en bonne santé.
Votre fils qui vous embrasse bien fort. Eloi Mussotte
Le 25 juillet 1915
Mes chers parents,
je suis arrivé ce matin à 7 heures, je vous assure que la promenade a été longue depuis 2 h du soir samedi que nous sommes partis du Valtin pour rentrer dimanche matin à 7h, toujours à cheval. Je vous assure que j’ai dormi toute la journée de dimanche. Duporge a reçu un poulet confit et nous avons fait St Jacques comme ça. Je n’ai pas reçu de vos nouvelles depuis que j’ai changé de secteur mais Duporge en a reçu aujourd’hui du secteur 168 qui venait de Beliet, et moi j’en ai reçu une de Menaut du secteur 268. Je pense que les vôtres vont arriver demain. Je suis en bonne santé et désirer que ma carte vous en trouve de même à tous. Votre fils qui vous embrasse bien fort. Eloi Mussotte
Nous avons eu un mort à la batterie de Lacape. Lacape a été à …… les boches ne sont pas encore morts.
Le 30 juillet 1915
Mes chers parents,
je fais réponse à votre lettre du 23 qui m’a fait un grand plaisir de vous savoir en bonne santé, j’ai reçu les 5 Francs qui étaient dedans. Je vais vous dire que j’ai vu des prisonniers qui sont passés au Valtin aujourd’hui. Il y en avait 90 et demain il doit en passer d’autres. Votre fils et frère et oncle qui vous embrasse bien fort. Eloi Mussotte secteur 97
Le 7 août 1915
Mes chers parents,
je vous envoie une carte pour vous faire savoir de mes nouvelles qui pour le moment sont bonnes mais pas en sûreté. Les boches bombardent Le Valtin nuit et jour. Nous sommes obligés de quitter notre chambre et surtout moi, mon sommier. Duporge lui se fait suivre son lit, c’est lui qui se l’ai fait avec 4 planches et 2 sacs. Nous allons coucher dans une cave, Duporge couche dans son lit et moi je couche avec un nommé Lalanne de Cabannac ou plutôt de Saint Morillon, un neveu au Bait, dans un lit de foin que j’ai fait avec Duporge. Nous sommes été au Rudlin pour voir les Kusar mais je n’ai pas trouvé. Galiar, il est à Anould encore.
Votre fils qui vous embrasse bien fort. Eloi Mussotte
Le 7 août 1915 (3 cartes)
1 - Mes chers parents, je vous envoie une douzaine de cartes parce que ça va être défendu d’envoyer des cartes et il va falloir envoyer des lettres décachetées. Et comme ça je vous les envoie toutes à la fois. Je vais vous dire qu’au Valtin, on est bombardé et que les civils sont partis en bonne partie, je ne peux pas vous en dire
2 - plus long. Je pourrais vous dire que je suis en bonne santé voilà tout. Je vous envoie 12 cartes à la fois et vous me direz si vous les avez reçues.
Rien de plus pour le moment qu’à vous désirer bonne santé à tous. Votre fils qui vous embrasse bien fort. Eloi Mussotte
3 - Je suis toujours avec Duporge, je vous assure que les habitants du Valtin avaient peur pendant le bombardement et beaucoup de soldats aussi. Votre fils qui vous embrasse bien fort de loin et qui voudrait que la guerre soit finie.
Eloi Mussotte
Le 21 août 1915
Mes chers parents,
je vous envoie une carte pour vous faire savoir de mes nouvelles qui pour le moment sont bonnes et pour savoir des vôtres. Il y a 4 ou 5 jours que je n’ai pas reçu de vos nouvelles. J’ai reçu une lettre de Lacape, il est en bonne santé et il est toujours au même poste, il ne veut pas se faire relever.
On a fêté la St Bernard, c’était Descoubes qui s’appelle Bernard. Nous avons mangé un lapin en civet, des frites que Duporge a fait, et un bon gâteau que le cuisinier des adjudants nous a fait, il s’appelle Lavergne il est de Saint Médard.
Aujourd’hui le Général Joffre passe au Valtin.
Rien de plus pour le moment qu’à vous désirer bonne santé à tous. Votre fils qui vous embrasse bien fort. Eloi Mussotte
Le 20 octobre 1915
Mes chers parents,
deux mots de carte pour vous faire savoir de mes nouvelles qui pour le moment sont bonnes et pour savoir des vôtres.
Je suis été hier à Saint Léonard en corvée, chercher des planches et j’ai vu ce bombardement. Je vais vous envoyer quelques vues mais c’est défendu d’envoyer. Quant à nous autres nous sommes les trois ensembles toujours, nous sommes comme trois frères mais ils sont plus vieux que moi les deux autres. Mon beau-frère m’a écrit, il me dit que pense venir me rejoindre avant longtemps. Je pense que c’est la peur qui lui fait dire mais il ne me donne pas son adresse. Je vous prie de me l’envoyer. Rien de plus pour le moment qu’à vous désirer bonne santé à tous. Votre fils qui vous embrasse bien fort à tous.
Eloi Mussotte
Le 24 octobre 1915
Mes chers parents,
deux mots pour vous faire savoir de mes nouvelles qui pour le moment sont bonnes et pour savoir des vôtres. Je vais sous dire que nous allons changer les écussons du 24 pour ceux du 115e d’artillerie lourde, notre départ est à Nîmes, je ne sais pas si on nous laisse là où nous sommes, ou bien nous faire partir plus loin. Quant à moi je préfère rester là où je suis. Rien de plus pour le moment qu’à vous désirer bonne santé à tous. Votre fils qui vous embrasse bien fort à tous. Eloi Mussotte
Le 27 octobre1915
Mes chers parents,
deux mots pour vous faire savoir de mes nouvelles qui pour le moment sont bonnes, et pour vous dire que nous partons demain ou après demain au repos pour une 15aine de jours. Et après je ne sais pas où ils vont nous envoyer, peut être en Serbie je ne sais pas, je vous tiendrai au courant de notre déplacement. Rien de plus pour le moment qu’à vous désirer bonne santé à tous. Votre fils qui vous embrasse.
Eloi Mussotte
Je vais vous dire que nous soupons avec un poulet et du beurre que Duporge a reçu.
Le 29 octobre 1915
Mes chers parents,
je fais réponse à votre lettre qui m’a fait un grand plaisir de vous savoir en bonne santé. J’ai reçu les 5 Francs que vous avez mis dans la lettre. Je vais vous dire que nous sommes dans ce pays que je vous envoie, nous sommes au repos nous avons quitté Le Valtin. Je suis en bonne santé et désire que ma carte vous en trouve de même à tous. Votre fils qui vous embrasse bien fort à tous. Eloi Mussotte
Le 14 novembre 1915
Mes chers parents,
deux mots pour vous faire savoir de mes nouvelles qui pour le moment sont bonnes et pour en savoir des vôtres. Je vais vous dire que je n’ai pas reçu le colis encore, nous sommes toujours au repos mais il pleut tous les jours. Le pays que nous avons quitté, il y a 1 mètre de neige. Rien de plus pour le moment qu’à vous désirer bonne santé à tous. Votre fils qui vous embrasse bien fort à tous. Eloi Mussotte
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