Jérôme dit Michel Bordessoules est né le 12 mars 1876 au Barp, fils de Jean Bordessoules et de Catherine Taris.
Il s'est marié le 14 août 1898 avec Marie Mora.
De cette union sont nés, Jean dit Albert le 1er avril 1900, puis Albertine.
Jérôme Michel Bordessoules faisait parti de la classe 1896, matricule 61.
Service Militaire
Lundi 22 Mars 1915
Voyage satisfait tout est bien passé.
Ne vous occupez pas du vélo je le garde encore, puis pour le foin de Tarisot 7Fr c’est cher, il faut voir l’oncle à Paguat il en a, parlez-le au plutôt et en faire le prix de la quantité que vous avez besoin à peu près 4 ou 5Fr vous verrez.
Le faire botteler et enlever de suite et payer comptant.
Bordessoules 139e T, 2e section, Saint Jean d’Illac
Lundi 13 Août 1915
Ma chère petite fille,
Reçois de ton père de doux baisers ainsi que Albert et ta mère.
Bonne santé et à demain
Ces petites génisses viennent-elles jolies ? Jamais tu ne m’en parles. Est-ce que tu les mets dehors avec les mères ou qu’en fais-tu ? Puisque tu es la vachère je m’adresse à toi.
Ton père Bordessoules
Dimanche 15 août 1915
Ma chère petite fille,
Aujourd'hui , comme fête du 15 août je m’apprête pour aller à la messe, comme dévotion ici c’est une grande fête. Un soldat comme d’habitude nous dit la cérémonie dans l’église, faute qu’il n’y a pas de prêtre. J’espère que tous les deux à la même heure, nous allons être à la messe en même temps mais beaucoup éloignés l’un de l’autre.
Ma chère fille, reçois de ton père Mille baisers dont tu en feras part à ta mère et ton frère.
Je te quitte à l’espoir d’être plus rapprochés au plus tôt. Bordessoules Michel
29 août 1915
Cher cousin,
Tu me pardonneras mon retard à te faire réponse, je ne suis pas toujours disposé à écrire, nous faisons des marches maintenant de deux jours de suite. Nous allons passer la nuit dans une autre ville et nous revenons le lendemain. C’est très agréable faire de ces marches, nous voyons du pays, il n’ y a rien que des montagnes et de vieux châteaux à la cime. Nous faisons de ces marches une fois par semaine. Autrement, toujours la même chose, je mange des prunes et des fraises, ce n’est pas ce qui manque où je suis. Rien de plus à te dire, je suis toujours en bonne santé et désire que mes lettres t’en trouvent de même ainsi qu’à toute la famille. Reçois cher cousin mon plus aimable bonjour. M B
Villefranche, 10 octobre 1915
Ma chère petite fille,
Reçois de ton père mes tendres amitiés, ma santé va très bien. J’espère lire demain une lettre pour savoir comment Albert a fait son voyage à Arcachon. Mon écriture à demain .
Toute la famille recevez mes tendres amitiés.
Bordessoules 236e R d’I Hôpital 203 Villefranche
Aujourd’hui j’ai reçu 5 lettres, une de Elie Bourrieu, l’autre de la Houze, toujours avec du papier et une enveloppe dedans pour leur rendre réponse. Ce sont les seuls qui font ainsi car pour tous les autres, ils veulent bien des nouvelles mais il faut s’acheter le papier, il y a bien des endroits qu’il y en a pas, il faut avoir la réserve. Elie Bourrieu est toujours bien portant, et la 3 e c’est Maria Bourrieu me dit que Albert a labouré du côté de Dantès, Albert se fatigue un peu mais il se porte très bien. Il fera le travail comme si j’y étais, elle me dit que les mules ont la gorge dure, tu ne t’es pas aperçue à la rouge de lui mettre ce mors à dents sur le nez, il doit être dans le bas de l’armoire de la cuisine. Je n’avais pas pensé à te le dire, si tu le fais tu la tiendras sans tant te fatiguer. Je remercie Maria de sa lettre, à demain, j’attends votre lettre.
M Bordessoules
« Albertine aura de quoi lire » Mardi 2 novembre 1915
Dimanche, hier et aujourd’hui, nous sommes été à la Messe et je crois que nous y reviendrons encore demain. Si quelquefois j’ai manqué d’y aller maintenant je répare le temps perdu.
Rien de plus à vous communiquer, ma santé est en bon état, j’espère que la missive vous en trouve de même.
Hier on m’a refait mon pansement, il avait épuré un peu, on a encore brûlé la chair qui pousse par-dessus la peau, et je suis là, je ne sais quoi faire. Je me rassasie de lire, écrire aussi. Ah qu’il est long ce temps !
A cette heure-ci donc je parle, c’est Mardi 2 heures, vous autres vous devez être à la foire sans doute à Saint Magne, tâchez de faire de bonnes affaires. Moi, pour mon départ, je crois que je ne partirai pas peut-être Lundi 8 N., ce sera peut-être le 15, enfin je verrai ça après demain, Jeudi. Ca ne me tarde pas de partir d’ici. C’est cette guerre que je voudrai en voir la fin et il y en a beaucoup comme moi, car tout le monde en est dégoûté.
Recevez mes meilleures amitiés de celui qui pense à vous. Votre père et mari qui vous embrasse de loin.
Bordessoules Michel
Villefranche, 19 Novembre 1915 Vendredi
Ma chère fille,
Hier je suis été me promener jusque sur le haut de certaines montagnes que nous apercevons depuis notre chambre. Ces montagnes sont à 5 ou 6 kilomètres de nous, et elles sont couvertes de neige depuis 8 jours, et qu’elle durera pendant tout l’hiver, et ces montagnes s’appellent la chaîne des Cévennes.
Si tu regardes sur la Géographie tu verras où ça se trouve, et Villefranche se trouve à l’Est de la chaîne des Cévennes, sur le haut des montagnes. Il fait très froid, et on aperçoit aussi le Mont Verdun et le Mont Blanc, ainsi que beaucoup d’autres, aussi la chaîne des Alpes, c’est pour dire lorsque le temps est clair, on voit très loin.
Reçois Mille baisers de ton père qui pense à toi, et avec grandes précautions, je garde le joli souvenir que je te porterai dès mon retour, vers le 3 Décembre environ.
Michel Bordessoules
Villefranche, 24 Novembre 1915 Mercredi
Mon cher fils,
Ce matin j’ai reçu de ta mère toute une collection de lettres, je suis entrain de lire et de les étudier. Je vous en rendrai réponse demain car demain je saurai si je pars Lundi prochain. Ta mère me dit que tu es entrain de transporter des poteaux avec Georges à Saint Magne ; oui tant que vous êtes près c’est facile, vous êtes peut être à Paguat ou par là. Et si vous en trouvez des gros, ne vous forcez pas trop, laissez-les derrière, quand je viendrai, je vous donnerai la main. J’aurai toujours quelques malheureux jours sans doute. Ca ne te dérangerait pas du tout si tu avais les deux grandes charrettes aptes à rouler, il ne faudrait pas autant charger et décharger, mais il faut prendre le temps comme il vient.
Ma santé est toujours la même, et bien portant espérant que la votre soit de même. Au revoir à sous peu.
Reçois de ton père mes plus profondes amitiés que j’éprouve pour toi.
Michel Bordessoules
Villefranche, 26 Novembre 1915 Vendredi
Ma chère épouse,
C’est ce matin malgré la présence du Docteur que les infirmières nous ont proposé pour le départ de Lundi 29 Novembre. J’aurai grande chance d’arriver chez moi le Samedi 4 Décembre.
De l’autre côté, la table est parée, et toi je vois que tu m’attends avec impatience depuis longtemps. Tu n’as qu’à y mettre le couvert avec quelque chose de bon, si tu veux être le bien venue. Car si il n’y a que les fleurs, c’est bien joli, mais ça ne donne guère du courage. A l’espoir d’être le bien reçu.
Reçois, de ton ami Mille baisers de loin, mais dans huit jours je viendrai te les porter.
Bordessoules Michel
Dimanche 28 Novembre 1915
Ma chère famille,
À la hâte 2 petits mots. Ma santé est très bonne, mon départ pour Lyon est demain matin.
Alors au revoir, à bientôt.
Je vous écrirai de Lyon.
Recevez bien mes amitiés. Bordessoules M
Lyon, 2 Décembre 1915 Jeudi
Ma chère petite famille,
C’est 3 heures je viens de passer ma 2ème visite, c’est maintenant que je suis heureux de vous annoncer que je vais venir passer 1 mois de convalescence auprès de vous, c’est aujourd’hui Jeudi, demain Vendredi à 8 heures il faut toucher notre pré, et on nous délivrera nos feuilles de convalescence à 1 heure ½, nous prendrons le train à 11h de nuit Vendredi soir, nous arriverons à Bordeaux vers 4 h Samedi soir. Je crois arriver assez tôt pour prendre le train de 5 h pour Marcheprime à 6 h, Samedi soir, je ne crois pas que le courrier y soit. Comme ta sœur m’a écrit que j’aille les voir, ce sera la meilleure occasion d’aller y coucher Samedi soir, pour ne pas perdre de temps. Dimanche matin, je déjeunerai et je filerai pour Le Barp, j’arriverai Dimanche à midi chez moi. Si vous recevez la lettre Samedi, Albert viendra au Barp chez Mandagaran j’irai voir, si non ? S’il n’a pas le temps, j’arriverai tout de même. Ou si il est disponible à venir plus loin, je partirai à 9 heures de Lacanau. Mes amitiés, à Dimanche.
Bordessoules M
Caen, le 21 Mars 1916 Mardi
Ma chère fille,
Reçois de Caen mon meilleur souvenir et les meilleures amitiés de ton père. Hier, j’ai été appelé pour aller à la 29e compagnie, qui fait partie de l’active, alors je suis allé trouver le Capitaine à son bureau, et le fourrier qui fait les écritures a regardé le registre, et a trouvé qu’on avait fait une erreur, que c’était pour aller à Potigny. J’ai réclamé, parce que c’était mon droit, puisque la loi porte que les classes 1890 à1896 sont pour marcher ensemble, puis pour faire un régiment de Réserve Territoriale, comme j’aime mieux être avec les vieux qu’avec les jeunes de 20 ans.
Puis, on a trouvé sur le registre que j’étais pour le départ à Potigny le 24 Mars. C’est pourquoi je connais mon départ à l’avance et que je vous le communique.
Robert m’a écrit aujourd’hui, bonne santé ; alors à moins de changement, Vendredi j’irai à Potigny, mais jusqu’à nouvel ordre, écrivez-moi toujours à la même adresse, les lettres me suivront. Je suis en bonne santé, recevez Mille baisers de votre père et mari. M Bordessoules
Potigny, le 1er avril 1916
Ma chère fille et chère épouse,
Recevez de celui qui vous aime et qui pense à vous mes plus tendres amitiés. Bonne santé, au revoir au plus vite possible.
Michel Bordessoules
Potigny, le 1 er avril 1916
Mon cher fils,
Pour le commencement de ta 17 e année reçois de ton père mon meilleur souvenir. Je suis en bonne santé.
Michel Bordessoules
Potigny,
le 12 avril 1916 Mercredi
Ma chère petite famille,
Je suis toujours ici, rien ne bouge pour moi, et ma santé est en très bon état, malgré que nous avons une très mauvaise nourriture et pas suffisamment. Nous avons soit la cantine ou l’épicerie pour nous acheter ce que nous avons besoin de temps en temps. Sans ça, si on ne mettait pas de sa poche, on crèverait de faim, et le peu qu’on nous donne ce n’est pas bon pour les cochons. Mais tant que je serai à portée pour m’en acheter, je me sauverai. Il n’y a que l’argent qui s’en va, mais tant pis, il y en aura après nous. Tâchons toujours de nous conserver la santé, c’est le principal. La distribution des lettres vient de se faire, rien reçu aujourd’hui. Alors à demain. Bien des amitiés.
Michel Bordessoules
Vendredi 25 Août 1916
Ma chère fille, mon cher fils et mon épouse bien aimée,
Recevez les grandes amitiés de votre père et de ton ami qui à chaque instant pense à vous.
J’espère que la missive vous trouvera en bonne santé à toute la famille. Mille baisers.
Michel Bordessoules
Souvenir de Lorraine à Pont-à-Mousson
Une dame qui dit posséder le don de prévoir l’avenir mais qui n’en tire pas profit, nous écrit pour nous faire part de ses prédictions relatives à la guerre. Gardez cette lettre, après contrôlez mes prédictions, je me ferai connaitre ?
Le 21 Septembre 1917, les Anglais prendront Péronne
Le 18 Octobre 1917, les Russes prendront Lemberg
Le 30 Décembre 1917, les Russes entreront à Berlin
Le 16 Janvier 1918, la paix sera signée
En Octobre 1918, le Kronprinz sera assassiné
Le 24 Novembre 1918, Guillaume 2 sera assassiné
Moi j’écris ceci pour passer le temps, c’est aujourd’hui le 21 que les Anglais doivent prendre Péronne, nous verrons ça sur le journal de demain. Si cette prise n’est pas faite, il n’y aura rien de vrai, comme d’habitude.
Envoi de Bordessoules Michel à Bordessoules Albertine, le 21 Septembre 1916.
Mardi 3 Octobre 1916
Ma chère fille,
J’espère que tu t’occuperas de me garder quelques raisins si c’est possible. Nous les partagerons ensemble lorsque je viendrai en permission, et que tu auras aussi soin de mettre 1 ou 2 beaux poulets en cage, et de bien les nourrir. Donc, je serai bien heureux de pouvoir partager en 4 un bon morceau au milieu de vous. Aujourd’hui j’écris à Robert une carte qui rivalise bien cette caricature qu’il m’a envoyée, donc vous l’avez en main. Il ne se plaindra pas de celle que je lui expédie, je le paye de retour. Fernand de Labroque m’a écrit hier aussi, mais tout désespéré d’entendre un tel enfer, il a été en 1 ère ligne 4 jours, il me dit que ce n’est pas possible qu’on puisse se sauver. C’est un bruit infernal, on dirait un train qui passe dans les airs. C’est vrai ? Celui qui ne l’a pas vu ne peut pas se figurer ce que c’est, lorsque le canon gronde sans arrêt.
Reçois ma chère fille les amitiés de ton père, sans oublier Albert car si lui m’oublie, moi je ne l’oublie pas.
Recevez mes chers enfants deux grosses bises de votre père. M Bordessoules
Samedi 14 Octobre 1916
Ma chère fille,
Je suis toujours en très bonne santé espérant bien que la votre en sera de même. Hier, j’ai écrit une carte à Elise à Versailles, et une bien jolie aussi à Suzanne à Salles. Aujourd’hui, j’en fais une à Gabrielle en même temps que celle-ci.
Je n’ai pas encore reçu les 10 Fr que ta mère m’a envoyés dans cette lettre, je les accuse bien perdus ce n’est plus la peine d’en parler. Ta mère me disait hier qu’elle devait m’envoyer une boite de tripes, au hasard de ne pas avoir besoin de faire comme aux raisins, les jeter. Je n’ai pas besoin de colis si j’en demande pas. Je me porte assez bien, je pèse 79 livres rien que d’un pied, peut-être que cette bascule ne marchait pas trop bien.
Reçois de ton père Mille baisers ainsi que ta mère et
Albert, à demain. M Bordessoules
Dimanche 15 Octobre 1916
Mon cher fils,
Aujourd’hui je reçois ta carte que tu m’expédies d’Arcachon, étant tu ne me le dis pas au moment où tu m’écris, mais je ne suis pas encore complètement fou pour reconnaître ce que tu fais.
Sur ta carte je reconnais ton acte de dévouement, tu as fait quelques petits mots et ça suffit pour me contenter.
Sur ton écriture, je reconnais que tu t’es appliqué plus que d’habitude, c’est parce que tu étais en présence de ta maîtresse Mme Baillet, tu l’aurais besoin souvent à tes trousses.
Tu peux croire que je suis heureux de montrer à mes camarades une jolie écriture de mon fils, car il y en a qui en reçoivent de chez eux, embarrassés à lire. Sur ta carte tu me demande si j’ai reçu le n°5. Non ? Depuis que tu as la nouvelle mule, j’ai reçu tes 2 premières lettres dans 3 jours, et celle-là fait 3. Je vois que tu m’as écrit et que je n’ai pas reçu, je regrette de ne pas avoir reçu ta communication. Tu mets S.P.193, je vous l’ai déjà dit plusieurs fois S.P.56
Très content d’avoir reçu ta carte, je te remercie et t’embrasse de loin. A l’espoir d’être plus rapprochés le 10 Novembre.
Ton père Michel Bordessoules
Aujourd’hui j’écris aussi à ta
mère
Lundi 16 Octobre 1916
Ma chère fille,
Aujourd’hui je reçois le colis de tripes de chèvres que vous m’avez expédié. Il est en très bon état, et demain midi je les ferai chauffer dans ma gamelle, et nous les mangerons si elles sont encore bonnes. J’ai bien tout espoir parce que la boite est bien scellée, j’ai vu beaucoup de colis, soit des poulets, et n’importe quoi, scellé pareil et qui se conserve très bien et longtemps, c’est sans doute Numa qui a fait cette boite. Pour envoyer quelque chose voilà comment il faut que ce soit fait.
Je vous remercie d’avoir pensé à me faire goûter les tripes, et demain je vous direz le goût. Avec cette carte, j’y joins celle d’Albert que j’ai reçu hier étant à Arcachon lorsqu’il l’a faite. Je suis en très bonne santé, espoir que la vôtre en soit de même. Les lettres ne sont pas encore arrivées mais j’en attends pour aujourd’hui des votre, j’en ai reçu hier.
A toute la famille bien mes amitiés. Ton père qui t’embrasse sincèrement.
Michel
Bordessoules
Samedi 28 Octobre1916
Ma chère fille,
Par un petit moment de plaisir, je viens te rendre visite et te faire une petite surprise, car tu ne t’attendais pas à me voir aujourd’hui, et j’espère venir vous embrasser moi-même le Mardi 7 Novembre, et si ta mère venait à ma rencontre tu viendrais avec elle.
En attendant de t’embrasser dans mes bras sous peu, reçois les grandes amitiés de ton père.
Michel Bordessoules
Excuse mon écriture je n’y vois pas
où je suis.
Le 20 janvier 1917 Samedi
Mon cher fils,
Reçois mes meilleures amitiés en attendant ton écriture
de ce qui se passe dans le pays. Je suis en très bonne santé espérant que la vôtre en soit de même. Mille baisers à toute la famille. MB
Dimanche 21 janvier 1917
Ma très chère amie, mes chers enfants,
Aujourd’hui dimanche je reçois encore une petite surprise. C’est un petit colis, celui que tu m’as expédié aussitôt tué le cochon. Mes deux chères marraines, je vous en remercie une fois de plus de votre dévouement. Donc vous avez fait votre possible pour partager avec moi. Dans ce colis, je l’ouvre et j’y vois : 3 ou 4 boudins et deux côtelettes de porc bien aïlées . De suite, je goûte un petit morceau de côtelette, elle est excessivement bonne. Je n’aurai pas besoin de faire comme l’autre, le jeter celui-là, on va le manger avec grand plaisir.
Ce matin, j’ai fait une carte pour Albert et Albertine, puis une pour Marc et Marie–Louise Bourrieu, et une pour Suzanne avec une pour sa petite aussi. Alors toutes ces cartes arriveront en même temps que celle-ci car elles vont partir toutes au même courrier.
Je suis en très bonne santé avec ferme espoir que la missive vous en trouve de même à toute la famille. Recevez les plus grandes tendresses de votre père et de ton époux dévoué pour la vie, toujours avec ferme espoir de revenir parmi vous dans notre foyer.
Michel Bordessoules
Au revoir et merci mon écriture à
demain
Le 6 février 1917 Mardi
Ma très chère amie,
Aujourd’hui le vaguemestre m’a payé mon mandat soit 20Frs, soyez tranquilles j’ai l’argent à la poche. Je vous en remercie beaucoup car je vois que vous vous êtes vite pressés, vous n’aviez pas besoin de courir mais c’est fait, on n’en parle plus. Aujourd’hui encore je reçois ta lettre du vendredi 2 février donc tu m’annonces encore la triste nouvelle de la mort du pichon de Lagnone. Oui c’est un bien triste accident. Tu me dis qu’Albert ne lui porte pas les poteaux assez vite et qu’il commence à grogner. Mais qui est-il ce grognard ? Tu ne le dis pas. Numa sans doute.
Aujourd’hui me voilà descendre au repos, depuis hier soir au repos comme toujours, travailler tous les jours. Toujours en très bonne santé, reçois mes très grandes amitiés, sans oublier nos chers enfants.
Ton ami pour la vie. M
Bordessoules
Le 6 février 1917 Mardi
Mon très cher fils,
Aujourd’hui 1er jour de repos c’est le vrai repos, il faut nettoyer nos armes et effets, et c’est tout. Car on mérite bien un peu de silence après avoir subit 12 jours de froid si rigoureux. Ma santé est très bonne, donc j’espère que la vôtre en soit de même. J’ai reçu ton mandat de 20 Frs, donc il va servir pour quelques litres supplémentaires et quelque autre article.
Ici la neige et le froid, c’est toujours au même degré, nous avons tout gelé: pain, vin, toute espèce de nourriture. Il faut faire dégeler à côté du feu. J’apprends par ta mère que tu as beaucoup de travail, mais si tu fais trop de misère pour aller à Bordeaux par rapport aux gelées de glace, suspend le travail. Et ne crains pas les frais de faire mettre des clous le matin à la Hoûse, ou même le soir après le souper pour être prêt le matin.
A l’espoir de venir vous rendre visite vers la fin de la 1ère quinzaine de Mars.
Reçois de ton père les grandes amitiés que j’éprouve pour toi. M. Bordessoules
Le 7 février 1917
Ma chère fille,
Me voilà en écriture pour vous dire que je suis en très bonne santé. Je viens de prendre une douche pour me nettoyer un peu la poussière. Ca fait du bien, et surtout de se mettre tout nu tant qu’il ne fait pas trop chaud, car la température ici est toujours la même depuis bien longtemps. Mais les douches sont à l’eau chaude, si c’était à l’eau froide on ne pourrait pas y résister. Avec ce temps là, les poux ne circulent pas. Il y a toujours quelqu’un qui en a , mais moi j’en n’ai pas attrapé depuis que je suis venu en permission. C’est vrai que je les tiens de court, je me nettoie et me change de linge assez souvent. J’espère que vous aurez reçu les 3 cartes que je vous ai envoyées hier, une pour toi, Albert et ta mère. Soyez et conservez bonne santé. Reçois mes mille baisers de ton père. M. B.
Le 22 avril 1917 Dimanche,
Mes très chers enfants bien aimés,
C’est par un petit moment de silence que je consacre un petit plaisir, c’est à vous faire ces petits mots étant assis au fond de la tranchée par un tout petit rayon de soleil. Donc un petit moment de beau temps nous fait oublier le mauvais. Recevez mes chers enfants les grandes amitiés de votre père qui vous aime et de loin souvent pense à vous. Étant en très bonne santé, j’espère que la missive vous en trouve de même à toute la famille, avec le grand espoir de venir sous peu auprès de vous, passer le restant de mes heureux jours. Au revoir et Mille baisers. M. Bordessoules
Dimanche 22 avril 1917,
Ma très chère fille,
Je suis été très heureux de recevoir ta carte me donnant quelques petits détails. Tu me dis que ta mère est un peu malade au moment où tu m’as écrit. J’espère que ce ne sera pas grand-chose et à toi d’y prendre attention. Fais lui de bonnes tisanes pour vite la guérir. En attendant de tes nouvelles encore sous peu, reçois de ton père les grandes amitiés que j’éprouve pour toi. Mes mille baisers à toute la famille. M. B.
Nous remercions Madame Corinne Dos Santos pour le prêt de la correspondance de guerre de son arrière-grand-père.